COMMUNIQUÉ DE PRESSE - HAS - 8 Décembre 2020
Lésions cutanées, déformations, perte de sensibilité... Ces affections des pieds doivent impérativement être prises en charge pour éviter des complications graves, susceptibles d’altérer l’état de santé global des personnes de plus de 60 ans. Pour les prévenir et en homogénéiser la prise en charge, la Haute Autorité de Santé a actualisé avec le Collège national de pédicurie-podologie ses recommandations de bonnes pratiques en matière de soins du pied chez ces personnes.
Souvent fatalistes devant ce qu’elles considèrent comme une conséquence inéluctable du vieillissement, les personnes âgées sont peu nombreuses à recourir spontanément aux professionnels de santé en cas de symptômes podologiques ou lors de la réduction du périmètre de marche. Pourtant, ces soins participent au maintien d’un bon état de santé ou peuvent limiter sa dégradation prématurée. La HAS recommande aux médecins de premier recours d’effectuer un examen clinique attentif des pieds des personnes de 60 ans et plus, mais aussi des patients plus jeunes, et de les orienter, si besoin, vers un pédicure-podologue. De la même manière, elle conseille de réaliser un bilan diagnostique en pédicurie-podologie pour tout patient même ceux ayant passé la soixantaine, et de l’orienter vers son médecin traitant si nécessaire. Certaines de ces recommandations s’appliquent à tous les patients quel que soit leur âge. Une bonne hygiène des pieds et des chaussures confortables et adaptées avant tout
La HAS rappelle que le premier soin des pieds repose, avant tout, sur une bonne hygiène. Celle-ci consiste en un lavage quotidien à l’eau courante (les bains prolongés sont à éviter), associé à un séchage minutieux et à l’application d’une crème hydratante. La HAS préconise de choisir des chaussures confortables et adaptées et des chaussettes à base de matériaux perspirants, et souligne l’importance de surveiller talons et orteils afin de prévenir l’apparition de lésions (crevasses, fissures, mycoses...). La HAS recommande aux professionnels de santé, médecins comme pédicures-podologues, une vigilance particulière à l’égard des patients qui ne sont plus à même d’assurer seuls les soins d’hygiène, la coupe d’ongles ou la surveillance cutanée de leurs pieds en particulier s’il existe une pathologie sous-jacente. Un bilan diagnostique podologique chez les patients de 60 et plus, notamment pour limiter le risque de chute
Le bilan diagnostique en pédicurie-podologie vise par exemple à rechercher l’existence d’un risque de chute. La HAS rappelle qu’il repose sur un examen analytique et fonctionnel du pied. Ce dernier comprend notamment un examen de la peau et des ongles, un bilan morphologique du pied, un examen articulaire, neurologique (déficit moteur, perte de sensibilité superficielle et profonde, évaluation de la proprioception...), musculaire, une évaluation de l’équilibre statique/dynamique et de la posture, ainsi qu’une évaluation des capacités fonctionnelles des jambes et de déplacement. Pour évaluer le risque de chutes, la HAS recommande aux pédicures-podologues de rechercher, par ailleurs, d’éventuels facteurs prédisposants (âge > 80 ans, chutes antérieures, polymédication, etc.) et précipitants comme les pathologies cardiovasculaires, neurologiques ; un cadre de vie inadapté (faiblement éclairé, encombré) ; ainsi que de possibles addictions (alcool, psychotropes). La qualité du chaussage extérieur et intérieur doit elle aussi être examinée, tout comme la nécessité et/ou l’usage et/ou l’usure d’orthèses plantaires ou d’une canne. Prévenir certaines complications du diabète en évaluant la gradation du risque de plaie
En France, 3,3 millions de personnes sont traitées pour un diabète, parmi lesquelles 1 homme sur 5 âgé de 70 à 85 ans et 1 femme sur 7 âgée de 75 à 85 ans. Or, cette maladie métabolique accroît le risque de plaies au pied, pouvant conduire à des amputations. Pour éviter ou minimiser ce risque, la HAS préconise un dépistage annuel préventif du risque podologique pour tous les patients diabétiques de plus de 60 ans. Ce dépistage permet de définir le grade de risque lésionnel et d’orienter le patient sur une prise en charge spécifique. Dépister les troubles structurels et fonctionnels chez les patients obèses
La HAS rappelle que l’obésité affecte la structure et la fonction du pied, et entraîne, entre autres, des douleurs, un ralentissement de la marche, une perte de force des orteils. Elle augmente également le risque d’arthrose, de tendinite et de fasciite plantaire, qui altèrent la qualité de vie. La HAS recommande donc aux pédicures-podologues de vérifier l’existence de troubles morphostatiques et dynamiques des pieds de leurs patients obèses (aplatissement du pied, augmentation des pressions plantaires, douleur...), de calculer l’IMC (indice de masse corporelle), et de mesurer la vitesse de marche et la longueur du pas. Puis de proposer, si nécessaire, des traitements instrumentaux et orthétiques, et des conseils de chaussage. Limiter les effets secondaires de certains traitements anticancéreux
Le syndrome main-pied ainsi que des atteintes de l’ongle et du pourtour de l’ongle, peuvent survenir suite à la prise de certaines chimiothérapies conventionnelles et de thérapies ciblées. Ces effets secondaires fréquents peuvent affecter gravement la qualité de vie du patient, entrainer une non-adhésion, une réduction de la dose et/ou une interruption du traitement anticancéreux. Il est néanmoins possible d’empêcher leur survenue ou d’en minimiser l’ampleur grâce à des soins en pédicurie-podologie entrepris avant et lors du traitement : traitement des zones d’hyperkératose, port d’orthèses plantaires, coupe harmonieuse et fraisage des ongles, conseils de chaussage, application de crème émolliente... La HAS préconise également de rappeler au patient l’existence de moyens de prévention prescrits par l’équipe spécialisée. Évaluer les besoins en pédicurie- podologie en cas de trouble articulaire
Enfin, la HAS recommande aux médecins d’adresser en pédicurie-podologie leurs patients souffrant d’arthrose, de polyarthrite rhumatoïde, de spondylarthrite et de rhumatisme métabolique et endocrinien (goutte, chondrocalcinose), maladie de Charcot, afin d’évaluer leurs besoins : soins instrumentaux, traitements orthopédiques, prescription de cannes ou de chaussures adaptées.
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